Vieillissement et accompagnement, un défi !
La publication de l’enquête choc Les Fossoyeurs et les révélations sur certains établissements accueillant des personnes âgées nous bouleversent. L’accompagnement de la vieillesse et de la dépendance nous interroge et, parfois, nous inquiète.
Le grand-âge nous renvoie, en effet, à notre finitude, au destin de l’homme, à notre avenir commun. Avouons-le, bien simplement, nous nous projetons ? Comment cela se passera-t-il pour moi ? Qu’adviendra-t-il ? Et être chrétien ne peut, en aucun cas, nous permettre de faire l’économie de cette question, de cette douleur et, finalement, de cette détresse. Certains du coup s’interrogent : vieillir, est-ce vraiment une grâce ?
Ce qui est sûr, c’est que la vieillesse n’est pas une idylle ! Et il y aurait de l’insouciance ou de la naïveté à faire l’éloge de l’âge sans prendre en compte les coûteuses diminutions, les pertes d’autonomie. « Prendre de l’âge » dit-on parfois. En réalité, nous ne prenons rien, c’est plutôt nous qui sommes « pris » par l’âge, pris ou saisis dans une expérience de pauvreté et, finalement, de dépossession. Paul Claudel écrivait un jour : « Les choses avec l’âge me quittent peu à peu, et moi je les quitte à mon tour. On ne peut entrer que nu dans les conseils de l’amour. »
Dans mon diocèse de Mende, j’effectue actuellement, avec bonheur, une visite pastorale du monde de la santé : visite des maisons de retraite -je n’aime pas l’acronyme Ehpad-, visite des maisons d’accueil spécialisées, des hôpitaux. Belle occasion de rencontrer les malades, les personnes âgées, handicapées et tous ceux qui sont à leur service. Je veux le dire haut et clair : j’ai été édifié par le travail des soignants, des personnels administratifs, des équipes d’aumônerie.
Quelle délicatesse, quel respect, quelle attention, quelle qualité de la prise en charge des soins. On le sait, il y a les soins et il y a le soin avec sa dimension relationnelle. Bien sûr, les maltraitances sont à dénoncer et les plaintes à entendre.
Mais je souhaite, ce matin, rendre hommage, encore et encore, aux soignants dans leur diversité et leur complémentarité. La tradition chrétienne présente la vie comme un don. La vieillesse fait aussi partie de la vie. Elle nous renvoie à notre humanité, à notre ouverture, à notre espérance. Jeunes et vieux, personnes malades, handicapées, tous nous sommes des vivants ! Merci. Un immense merci à tous ceux qui prennent soin de la vie, de nos vies.
+ Benoit BERTRAND
Évêque de Mende