Église catholique en Lozère
17 avril 2024 |

Ta vie est vocation

Dans une lettre à un de ses amis, George Bernanos revient sur sa vocation d’écrivain : « Nos vocations sont ce qu’elles sont, écrit-il. J’ai traité ma vocation comme une compagne vénérée à laquelle Dieu m’a uni » (Lettre à Amoroso Lima, 1940). Alors qu’un Congrès national vient de se tenir à Paris, sur le thème : « Ta vie est vocation », nous sommes invités, en ce mois de mai, à prier plus particulièrement pour les vocations. Quel est le sens de cette prière ? Comment parler aujourd’hui des vocations, dans l’Eglise et pour le monde ?

Pour répondre, écoutons tout d’abord les plus jeunes. Interrogés sur ce qu’évoque pour eux le mot « vocation », ils parlent d’ « aspiration profonde », de « destin », de « don total de soi », d’ « appel de Dieu », de « l’idéal d’une vie qui ait du sens », de « la radicalité d’un engagement », de « l’angoisse du choix », de « la peur de se rater ou d’échouer »…

Plusieurs jeunes catholiques disent ressentir une certaine pression quant à leur vocation : « Et si je faisais fausse route ? » « Et si je passais à côté de la volonté de Dieu ? » « Que va-t-il se passer si je ne réponds pas ? ». La vocation n’est ni autosuggestion ni autosatisfaction. Elle ne va pas à l’encontre du bonheur d’une personne. Créateur, Dieu met en l’homme le désir d’aimer et de se donner. Plus encore, il accompagne chacun dans la réponse à donner à cet appel qui est là, au plus profond. Répondre à sa vocation, c’est passer de l’idéal au concret, de l’extériorité au désir, de la pression à une authentique liberté. L’appel est un appel à marcher avec Dieu dans la confiance et à découvrir un chemin de sainteté qui se révèle en cours de route.

Nous déplorons parfois le manque de vocations, en pensant surtout au petit nombre de séminaristes ou de novices. De jeunes femmes et de jeunes hommes s’interrogent pourtant sur une consécration de toute leur vie. La générosité et l’enthousiasme n’ont pas disparu du cœur des jeunes attachés au Christ. Un jeune doit pouvoir poser ses questions, en confiance. Il est important qu’il soit accompagné. Des adultes et des amis sûrs l’aideront dans son discernement vocationnel, avec tact, discrétion et respect.

La communauté chrétienne joue un rôle essentiel dans l’éveil et le déploiement des vocations. Aucune vocation ne peut être une vocation isolée.Pour que murissent des vocations, il faut de la fraternité, de la ferveur et surtout de la joie.Une vocation naît, grandit et est soutenue par l’Église. Elle se nourrit de l’estime vécue entre les différentes vocations, au mariage, à la vie consacrée, au diaconat, au sacerdoce, à la vie missionnaire… et de la capacité à travailler ensemble pour le Christ et son Royaume.

Une belle façon de traduire cela en actes est de porter particulièrement une vocation dans la prière, quel que soit notre état de vie, qu’il soit choisi ou pas. Personnellement ou avec d’autres, dans notre paroisse, un groupe de prière, une équipe d’animation, petits et grands, mariés, célibataires ou consacrés, soutenons la prière pour les vocations. Le Pape François nous y encourage fortement : « Derrière toute vocation au sacerdoce ou à la vie consacrée et avant elle, il y a toujours la prière forte et intense de quelqu’un, d’une grand-mère, d’un grand-père, d’une mère, d’un père, d’une communauté… Les vocations naissent dans la prière ; et elles ne peuvent persévérer et porter du fruit que dans la prière ».

P. François Durand,
Vicaire général