Église catholique en Lozère
27 avril 2024 |

Sr Bernadette et Pr Jonquet nous ont conquis

Le 2 avril 2022, l’Hospitalité Saint-Privat a organisé la venue à Mende de sœur Bernadette Moriau, 70ème miraculée de Lourdes reconnue officiellement par l’Eglise, et du professeur Olivier Jonquet, professeur émérite, de l’équipe du Comité médical international de Lourdes, médecin qui a instruit le dossier de soeur Bernadette.

C’est le 11 Février 2018, après 10 ans d’enquête, que la guérison de Bernadette Moriau est déclarée « inexplicable en l’état actuel de nos connaissances scientifiques » et reconnue officiellement comme la 70ème miraculée de Lourdes.

Rencontre avec le grand public

Samedi 2 avril, l’Hospitalité a organisé la rencontre de Sœur Moriau en duo avec le professeur Jonquet, professeur émérite, maître de conférences, chef de clinique et bien d’autres titres encore. Aujourd’hui président du Comité médical international de Lourdes, c’est lui qui a instruit le dossier de Sœur Bernadette après sa guérison.

Les échanges, animés par M. Jacques Déchaux, ont eu lieu à l’espace évènements de Mende, ce qui a permis la participation de plus de 160 personnes.

Tous les participants ont été touchés par la simplicité, la gentillesse et la profondeur de foi des intervenants.

Dans la retransmission vidéo de cette rencontre, vous découvrirez de quelle maladie souffrait Sœur Bernadette, comment elle a vécu sa guérison, de quelle manière s’organise l’enquête, etc.

Rencontre avec Sr Bernadette Moriau et le Pr Olivier Jonquet, invités par M. Régis Cathalan de l’Hospitalité Saint-Privat, et animée par M. Jacques Déchaux, le 2 avril 2022

Rencontre avec les lycéens

La veille de la rencontre organisée par l’Hospitalité, Soeur Bernadette Moriau a rencontré les lycéens de Notre Dame à Mende.

C’est dans la salle de cinéma du lycée, bien remplie, qu’elle a eu l’occasion de partager son témoignage et d’échanger avec eux.

Si à cet âge, prendre la parole devant les autres pour poser des questions n’est pas aisé, leur comportement a néanmoins traduit l’intérêt et l’émotion que ces jeunes ont pu ressentir en écoutant la sœur.

Début de la rencontre entre Sr Bernadette Moriau et des étudiants du lycée Notre-Dame de Mende

Interview du Professeur Olivier Jonquet

Professeur Jonquet est professeur émérite (nommé professeur en 1989), marié, père de 7 enfants,. Toute sa carrière s’est déroulée à Montpellier en hôpital et a été chef de clinique. Président au Comité médical international de Lourdes, c’est lui qui a instruit le dossier de Soeur Bernadette Moriau. Il conserve de nombreuses activités, s’occupe de la maison médicale des étudiants à Montpellier, donne des cours et est maître de conférence…

Quelques mots sur sa découverte de Lourdes et son investissement au sein de ce sanctuaire marial :

« Lourdes était une tradition familiale pour y faire nos dévotions. Mais je n’y étais jamais allé en pèlerinage. La première fois que cela m’est arrivé, cela a marqué ma carrière ; c’était en 1982-83. Un grand pèlerinage de polio (maladie qui a sévit après les années 50 avec une grande épidémie). Les personnes qui ont eu la polio gardaient des séquelles motrices ou respiratoires. Donc des grands pèlerinages s’organisaient tous les 3 ou 5 ans dans toute la France.

J’ai donc été sollicité en 82-83 pour être médecin à Lourdes et pendant 5 jours, je me suis occupé d’une trentaine de malades (et depuis, je n’ai pas arrêté…). D’un coup, je me suis trouvé tout bête. J’étais jeune, je roulais un peu des mécaniques… et là, c’est moi qui suis devenu handicapé par rapport eux. Je me retrouvais avec des gens qui avaient mon âge, 30-35 ans ; ils faisaient 1,50 m, certains d’entre eux étaient tous biscornus ; ils écrivaient leurs cartes avec leurs pieds, les cachetaient avec ce qui leur restait de main … Cela a changé ma vision.

On s’occupait des polios mais il y avait aussi d’autres pathologies : des maladies neurologiques, des myopathies…

A partir de ce moment, j’ai continué à m’occuper de ces gens dans le milieu associatif mais en essayant d’aller au-delà de l’aspect clinique : plutôt que de renvoyer ces gens chez eux avec leurs appareils, on essayait de leur donner des moyens d’agir (comme par exemple, des foyers, des logements, etc.) de façon à ce qu’il y ait une filière de soins. Mais c’est là que j’ai compris que la médecine ce n’est pas seulement le soin ; c’est quelque chose de plus global. Il y a la vie familiale, professionnelle, affective…

Après, au niveau de mon diocèse, j’accompagnais régulièrement le pèlerinage diocésain en tant que médecin.

Lourdes est le seul sanctuaire marial où les malades ont une telle place. Dès les débuts à Lourdes, il y a eu des miracles ou statués comme tels.

Le Comité médical international de Lourdes, c’était en 1975. Je venais de réussir l’internat des hôpitaux et je suis allé à Lourdes à vélo depuis Montpellier et je me suis inscrit à l’AMIL (Association médicale internationale de Lourdes). Ensuite, j’ai continué à venir régulièrement jusqu’à ce qu’un collègue, M. François Bernard Michel (de l’académie de médecine, un grand Monsieur !) qui était président du Comité médical international de Lourdes, me confia 2-3 dossiers pour que je lui dise ce que j’en pensais et me demande d’intégrer ce comité médical.

En mars 2019, Mgr Browet qui était l’évêque de Lourdes à l’époque, m’a demandé si j’acceptais de prendre la responsabilité du Pr François Bernard Michel qui avait démissionné

 

En 47, après la libération, Mgr Théas (ancien évêque de Montauban qui a fait de la résistance et a caché des juifs…) a créé un Comité national à Lourdes, l’a enrichi avec des médecins et universitaires, puis en 53-54, en a fait un Comité international co-présidé par l’évêque de Lourdes et un président. Ce comité est aujourd’hui composé en général de 25 à 30 personnes, principalement des universitaires (italiens, français, quelques américains, espagnols, allemands et britanniques).

Pour étudier les dossiers, on ne fait pas en fonction du critère de la foi ; on est là sur un plan médical : Est-ce qu’on y comprend quelque chose ? Est-ce que c’est normal ? Est-ce que l’on a des doutes ou que vraiment, on n’y comprend rien… Cela prend du temps.

Dans notre démarche de discernement, nous utilisons les sept critères du cardinal Lambertini :

  • Que la maladie soit grave
  • Invalidante
  • Connue (inventoriée dans la classification internationale des maladies)
  • Qu’elle soit organique et lésionnelle
  • Aspect clinique, biologique, radiologique
  • Rapide
  • Retour à la vie normale
  • Permanente

Après ce travail, nous rédigeons un rapport et l’évêque de Lourdes l’envoie à l’évêque du lieu d’origine de la personne guérie.

Propos recueillis par Nolwenn Bottou