Relecture du confinement par les aumôniers d’hôpitaux

RELECTURE DE LA PÉRIODE DE CONFINEMENT PAR LES AUMÔNIERS D’HÔPITAUX

Cathy, Sœur Céline, Lorraine, Marguerite, Paule et Roland sont tous en mission au sein des aumôneries d’hôpitaux et Ehpad de Lozère. De par cette mission, ils ont été directement touchés par les mesures prises face à la crise sanitaire.

Après la période de déconfinement, ils ont chacun effectué une relecture de cette période afin de dresser un bilan. Pour ce faire, ils ont noté ce qui pour eux, avait été positif ou porteur de joie, et ce qui a suscité des difficultés et/ou peines.

Voici en condensé, les idées principales qui ont été partagées.

Joies :

  • Temps de prière plus régulier et messe entre conjoint à la télé.
  • Davantage de temps d’intériorité, de prière, de lecture…
  • Plus de temps pour vivre en communion avec toute l’humanité
  • Arrivée du printemps avec les fleurs et le chant des oiseaux.
  • Témoin de la solidarité avec ceux qui se sont rendu disponibles pour apporter es vivres, médicaments aux personnes âgées. Témoin d’entraide et de fraternité avec les plus fragiles, isolés, malades. Témoin de la créativité dans tous les domaines.
  • Appels téléphoniques réguliers pour garder le lien avec la famille, les proches, les résidents des Ehpad – Lien téléphonique avec le personnel de l’accueil et parfois les infirmières
  • Grande protection de la part du personnel des Ehpad – Une attention et une solidarité accrues de la part du personnel et des infirmières envers les résidents.
  • Messages de soutien par internet ou par voie postale.
  • Préparation des obsèques d’une résidente effectuée avec beaucoup de cœur et de prière
  • Mise en place d’un journal de vie des « 3 Sources » (sur Meyrueis), envoyé toutes les semaines aux familles, au C.C.A.S., aux visiteuses. Journal comportant des photos des résidents dans leurs lieux de vie (chambre, salle-à-manger, pergola, jardin…), des poèmes, des témoignages du personnel…
  • J’ai choisi de jolies cartes pour la quinzaine de résidents que j’ai l’habitude d’accompagner à la messe le jeudi, pour leur souhaiter un beau printemps, leur dire toute mon affection et ma proximité.
  • Préparation d’une prière chaque semaine avec le curé, transmise ensuite à la secrétaire de l’hôpital en vue d’être distribuée aux résidents qui participaient à la messe habituellement.

Difficultés :

  • Proposition de fournir son portable aux malades hospitalisés en cas de besoin d’écoute, de partage, de prière. Mais n’a pas été possible.
  • Rupture sociale avec peur, crainte, méfiance de certaines personnes de façon exagérée (évitement)
  • Rupture physique familiale
  • Temps éprouvant en tant que religieuse de vie apostolique car impossibilité de vivre la proximité dans mon engagement de visiteuse auprès des résidents et de nombreuses personnes dans la localité ; c’est un manque très important…même si pour le palier nous avons échangé par téléphone ou par courrier…
  • Longueur du confinement
  • Autorisations de sorties infantilisantes
  • Tristesse à écouter la messe devant la télé avec mon mari sans pouvoir recevoir le corps du Christ ; particulièrement difficile pour la fête de Pâques.
  • Privation des célébrations eucharistiques
  • Visites interdites au sein des Ehpad et hôpitaux
  • En tant que personnel soignant, des conditions de travail plus difficiles, mais la nécessiter d’être encore plus présents aux personnes âgées qui étaient perdues et ne comprenais pas tout.
  • Alertes Coronavirus quotidiennes et notamment pour les plus de 65 ans
  • J’écoutais beaucoup les informations et le climat était très anxiogène. Confinée seule dans un très petit logement, j’étais prise parfois de panique.
  • Tristesse du Saint-Père lors des célébrations à Saint-Pierre de Rome
  • Absences de funérailles lors de décès en Ehpad – Funérailles différées ou limitées – Douleur intense de n’avoir pu accompagner un parent proche en fin de vie, sans le voir ni le toucher – Idem pour une résidente décédée sans pouvoir lui rendre visite dans ces derniers instants
  • Départ d’un membre de la famille : 53 jours d’hospitalisation dont 39 dans le coma et 10 jours d’attente pour les obsèques. Et durant tout ce temps, impossibilité de le visiter, de nous retrouver en famille. Cependant, la joie de suivre par vidéo la messe de ses obsèques. J’ai beaucoup pensé et prié pour les familles affrontées à la même épreuve.
  • Peine pour une résidente.
  • Fin de vies sans personne quand la famille est loin, ou pas de famille du tout.
  • Mes petits-enfants m’ont beaucoup manqué.

Prise de conscience :

  • Sur la fragilité de l’individu face à de tels événements, les limites de la science, sur la responsabilité et le respect vis-à-vis des autres, de l’environnement. De l’écologie totale et intégrale comme nous demande d’y réfléchir notre père-évêque.
  • Quand reconnaîtra-t-on avec considération l’importance du corps que l’on est, et pas seulement le corps que l’on a.
  • De notre fragilité, de nos limites et la nécessité d’être humble.
  • Dans cette profonde remise en question, ma façon d’écouter et d’aborder les autres à profondément changée.
  • Avec la messe du Pape à Sainte-Marthe, le chapelet en direct de l’Ile Bouchard, les enseignements de Mgr Rey, etc., sur internet, je priais unie à des frères et sœurs. J’ai touché matériellement du doigt l’universalité de l’Église et c’était si réconfortant.
  • De notre responsabilité pour se protéger, protéger les autres et protéger la Planète.
  • De l’urgence à repenser les grandes questions concernant l’équilibre entre économie et écologie.