Saint Privat évangélisateur du Gévaudan

Le martyr

L’évêque historien Grégoire de Tours mentionne dans son Histoire des Francs (VIe siècle) l’existence de saint Privat martyrisé par les Alamans venus des frontières de l’est. Vers 254, ils franchissent le limes rhénan en envahisseurs et traversent la Gaule jusqu’aux Pyrénées par l’Auvergne et le Gévaudan.
« Pendant l’irruption des Alamans dans les Gaules, saint Privat, évêque de la cité des Gabales, fut trouvé dans une grotte du mont Memmat, où il se livrait aux jeûnes et aux prières, tandis que le peuple était enfermé dans les retranchements du camp de Grèzes. Le bon pasteur refusa de livrer ses brebis aux loups, et on voulut le contraindre de sacrifier aux démons. Comme il détestait et repoussait cette souillure, on le frappa de verges jusqu’à ce qu’on le crût mort. Peu de jours après cette torture il rendit l’âme. Chrocus ayant été pris, près d’Arles, ville des Gaules, subit divers tourments, et fut frappé du glaive, livré avec justice au supplice qu’il avait infligé aux saints de Dieu. ».
Histoire des Francs, livre I, chapitre 32.
Quatre bourreaux frappent saint Privat - Panneau de bois polychrome du XVIIème siècle. Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende
Pèlerinage à l'ermitage Saint-Privat de Mende - Diocèse de Mende

Des reliques convoitées

Après sa mort, saint Privat, enseveli à Mende, un petit bourg (viculus) fait l’objet d’un culte. L’essor de la ville va en profiter. Son corps est pieusement enseveli à proximité du lieu du martyr. Ses reliques comme pour tous les autres saints sont vénérées par les fidèles et implorées pour leurs vertus et leur potentiel de miracles et de guérisons. Elles sont tellement célèbres qu’elles sont volées à l’initiative de Dagobert Ier ? (629-639) et transférées à l’abbaye de Saint Denis (à Paris ou à Salone en Lorraine ?), puis ramenées dans la capitale du Gévaudan. En 1170, l’évêque de Mende affirme les avoir découvertes et les authentifie. Elles auraient été cachées au moment des raids des Hongrois (925 ?). La découverte des reliques permet d’asseoir le pouvoir de l’évêque tout en développant le pèlerinage en l’honneur de saint Privat, source de revenus appréciables.