Église catholique en Lozère
17 avril 2024 |

Nouvelle traduction du Missel romain

Ce dimanche 28 novembre 2021, premier dimanche de l’Avent, entre en application la nouvelle traduction en langue française du Missel romain.

Qu’est-ce qu’un missel ? C’est le livre qui contient toutes les prières de la messe et en règle le déroulement. Le missel d’autel est utilisé par le prêtre, il imprimé en plus gros caractères pour en faciliter la lecture, il est digne et beau comme tout ce qui est utilisé dans la célébration. Ce livre n’est pas réservé aux prêtres, il est le bien de toute l’Église et existe en diverses éditions pour les fidèles.

Pourquoi une nouvelle traduction ?

Une nouvelle édition typique, c’est-à-dire une édition de référence en latin, a été publiée à Rome. Ce n’est pas nouveau. A la demande du concile de Trente (1545-1568) le Pape Saint Pie V a publié une réforme du missel en 1570. A la demande du concile Vatican II (1962-1965) le Pape Saint Paul VI a publié une réforme du missel en 1970. Il en a fait une deuxième édition en 1975 (celle en usage jusqu’à ce jour) et Saint Jean-Paul II une troisième en 2002. C’est la traduction de cette dernière édition qui entre en application ce dimanche.

Un long travail a été nécessaire

Une équipe réunissant diverses compétences (latinistes, théologiens, exégètes, pasteurs, poètes) a longuement travaillé et nous a donné une nouvelle traduction de la Bible pour la liturgie. Une traduction faite pour être écoutée et comprise même si l’on n’a pas sous les yeux le support du texte écrit. Les lectures sont faites pour être écoutées. Ce groupe a continué pour la traduction du missel. Ils ont voulu traduire en veillant à trois exigences : Respecter le texte original, Respecter le génie de la langue, Respecter l’intelligibilité du texte. Cette traduction est élaborée pour tous les pays francophones sous la responsabilité de la Commission Episcopale Francophone pour les traductions Liturgiques (CEFTL) : (Afrique du Nord, Belgique, Canada, France, Luxembourg, Monaco, Suisse, Afrique de l’Ouest, et Conférence Episcopale du Pacifique). Tout ce travail a été finalement soumis aux votes des évêques, par conférence épiscopale, et à Rome ; retravaillé selon les remarques reçues et à nouveau soumis au vote.

Le missel a une longue histoire

* Le vocabulaire de la prière est avant tout celui de l’Ecriture. On improvise des prières et l’on garde en mémoire. Très vite, pour « contrôler l’orthodoxie de la prière et éviter les bavardages » (Augustin) les conciles imposent des formulaires approuvés par l’évêque.

*A partir du VIème siècle fleurissent les sacramentaires. C’est le livre du président non seulement pour la messe mais pour l’office et les sacrements. Certes ils nous transmettent des trésors de prière… Mais ils nécessitent : un troupeau de brebis pour les parchemins, une troupe de moines pour les calligraphier. Un livre représente donc un investissement très important.

*A partir du IXème se multiplient les messes privées d’un prêtre avec un seul servant. Le prêtre fait tout : le missel plénier lui donne tout ce dont il a besoin, dans l’ordre, y compris les lectures bibliques du jour (qui n’étaient pas dans les sacramentaires).

Le mot Missel apparait au IX mais les missels se répandent au XIème, au XIIème ils ont supplanté le sacramentaire. L’imprimerie prend son essor en 1470.

* Les sacramentaires, inédits ou mal connus, ont fait l’objet d’éditions critiques seulement au XXème siècle. La réforme liturgique de Vatican II a bénéficié de ces travaux (oraisons, préfaces…). Le missel de Paul VI a largement puisé dans ces trésors de la tradition.

Ce qui va changer

Les prières d’ouverture de la messe, ainsi que les prières sur les offrandes ou après la communion ont particulièrement été travaillées. De même pour les préfaces.

Pour l’ordinaire de la messe il y a quelques changements de mots : Ainsi selon les souhaits de nos amis canadiens on ne dira plus « frères » mais « frères et sœurs », dans le texte du Crédo on ne dira plus le Christ « de même nature » que le Père, mais « consubstantiel », le mot du Concile de Nicée (325). Dans le récit de l’institution : il prit le pain, « en te rendant grâce il dit la bénédiction, » il rompit le pain et le donna… On pouvait penser que Jésus bénit le pain, alors qu’il adresse une bénédiction à Dieu. L’attention à la langue française a conduit à modifier une des acclamations après le récit de l’institution : Nous « annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous « proclamons » ta résurrection Nous attendons ta venue dans la gloire. En rigueur de termes il est difficile de proclamer la mort ! On ne saurait tout énumérer ici, des feuillets nous aideront à repérer ces modifications.

Nous recevons ce missel dimanche. Peu à peu, avec le temps, ces quelques changements nous deviendront familiers. Des changements de mots ou d’expressions qui pourront renouveler notre attention à la célébration de l’Eucharistie et nous aider à entrer un peu plus dans l’accueil du mystère.