Départ des sœurs de Saint-Joseph
Les Sœurs de Saint Joseph vont quitter Marvejols dans les prochains jours, afin de rejoindre une maison de retraite. Il s’agit d’un tournant pour leur vie personnelle, ainsi que pour la vie de notre paroisse. Dans le cadre de différentes Congrégations qui ont fusionné au fil du temps, elles étaient présentes à Marvejols depuis 1704.
1704 : Les Sœurs Unies de Marvejols sont créées. D’après leur règle primitive, elles s’étaient réunies pour vivre en communauté du travail de leurs mains. Leur travail consistait dans la filature et le tissage de la laine. Cette Communauté vivait alors en centre-ville, dans une petite maison rue Villette. Au milieu du XIXème siècle, concurrencées par les filatures mécaniques les Sœurs Unies décident de faire instruire trois d’entre elles pour devenir enseignantes.
En 1845, elles créent une école primaire. Les autres Sœurs, qui ne peuvent s’occuper de l’école, continuent à travailler la laine. En 1846 les Sœurs Unies sont au nombre de vingt. Dans les années 1850, elles achètent un logement plus agréable et plus sain entouré d’un grand et bel enclos, route du Nord (Aujourd’hui Avenue Théophile Roussel). Leur premier soin a été de convertir la chambre la plus belle et la plus commode en oratoire pour s’y réunir pour prier et y ériger un chemin de croix.
1901 : En 1901, dans le cadre de la loi imposant l’autorisation d’exister aux congrégations, le conseil municipal de Marvejols, sous la présidence de son maire Victor Cordesse, autorise le maintien de la Communauté des Sœurs Unies, en raison de l’estime et de la considération générales.
1914-18 : pendant la guerre, les Sœurs Unies aident aux soins des blessés et malades. Cela confirme leur vocation qui est, dès le début, « de s’occuper de la garde des malades et de prodiguer gratuitement leurs soins aux malheureux ».
En 1938, les Sœurs Unies se regroupent avec les Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Meyrueis, fondée en 1822. La maison « Mère » demeure à Meyrueis où sont formées les jeunes novices. A Marvejols, dans le cadre de « l’Institution Ste Famille » les Sœurs développent l’école primaire puis maternelle, avec notamment un internat pour les petites filles de façon à accueillir les enfants de la campagne environnante à un moment où le ramassage scolaire n’existe pas. Progressivement un enseignement ménager et commercial est mis en place et, en 1965 est créé un Collège d’Enseignement Technique (C.E.T.) Des Sœurs, non occupées par l’enseignement deviennent infirmières, aides-soignantes ou visiteuses de malades à un moment où il existe peu de laïcs orientés vers ces professions de santé.
Dans les années 1960, le Collège d’Enseignement Technique devient Lycée d’Enseignement Professionnel et multiplie les formations dans le domaine tertiaire, tandis que des laïcs prennent le relais des Sœurs de moins en moins nombreuses.
En 1988 : Construction de la maison de retraite de « La Prairie », bénie par l’abbé Prosper Rocher.
En 1993, les Sœurs de la Doctrine Chrétienne s’unissent avec 6 autres Congrégations pour former l’Institut Saint Joseph. En 1996, le LE.P. Sainte Famille fusionne avec le Lycée d’Enseignement Général St Joseph qui était sous la tutelle des Sœurs St Joseph du bon pasteur de Clermont-Ferrand. Cette Congrégation est présente à Marvejols depuis 1836. S’occupant surtout de l’Enseignement, maternelle, primaire puis secondaire classique, l’établissement est installé jusqu’en 1926 à « l’hôtel de Châtillon » d’où le nom de « Châtillon » donné à l’ancien lycée St Joseph, rue des Pénitents . Les deux établissements deviennent le lycée d’enseignement général et technologique Saint Joseph.
De tout temps et jusqu’à nos jours (trois siècles de présence), les religieuses ont œuvré activement à la vie de la Paroisse, participant à l’éducation des enfants et des jeunes, à la catéchèse, à l’Action catholique des enfants (ACE), à la chorale et à l’animation du chant et des messes, à la préparation des obsèques, à la visite des malades et des personnes isolées, à l’accueil de la paroisse, au pliage du « Trait d’Union », mais surtout leur prière quotidienne, et leur accueil. Sachant que leur action porte et portera longtemps ses fruits, nous remercions Dieu d’avoir suscité leur présence à Marvejols pendant si longtemps. Merci pour celles qui sont parties comme missionnaire en Afrique.
Merci aux quatre sœurs encore présentes et à toutes celles qui les ont précédées. Leur devise : « Communiquer la vie reçu de DIEU, dans un amour et un service universel. »
P. Jacques Rodier
Messe d’action de grâce pour les sœurs de St Joseph
Larges extraits de l’homélie prononcée par Mgr Benoit Bertrand, évêque de Mende
Présentes à Marvejols depuis 1704 dans le cadre de congrégations qui ont fusionné, mes sœurs, nous voulons avec vous rendre grâce pour vos missions…. Sœurs Denise, Marie-Louise, Jocelyne, Raymond. Avec vous, je veux dire merci au Seigneur et vous proposer 3 chemins pour votre prière d’action de grâce. Je reprends pour cela trois expressions courantes, qui ex- priment notre reconnaissance : merci pour tout, mer- ci quand même, merci d’avance !
Merci pour tout. Votre devise « Communiquer la vie reçue de Dieu, dans un amour et un service universel » est aussi un motif d’action de grâce. Merci pour votre sens de l’accueil, par exemple des prêtres pour le repas, des jeunes du lycée qui aiment venir vous rencontrer, des élèves du primaire qui jouent dans la prairie devant votre maison… Merci pour vos échanges avec les professeurs, les personnels. Merci pour votre témoignage de foi, de prière dans la chapelle, pour votre vie fraternelle. Merci pour vos engagements au service de la paroisse, l’éducation des enfants (ACE) et des jeunes, la préparation des obsèques, la visites des malades, l’animation des chants, la chorale… Merci pour le pliage du Trait d’Union. Merci encore et encore pour vos sœurs parties en mission en Afrique, pour celles qui vous ont précédées… Oui merci pour tout !
Merci quand même ! … Mes sœurs, vous nous quittez. Nous ne pouvons pas cacher qu’il y a, en nous, une part de tristesse. Vous nous manquerez. Nous vous regretterons. Aujourd’hui n’est pas un jour de fête ! Surtout en cette année St Joseph… fermer votre communauté, cela nous interroge et nous pose aussi la question des vocations en Lozère : nous avons tant besoin de la vie religieuse. Appeler aux vocations, appeler à aimer l’Eglise, appeler à mettre en œuvre la Lettre pastorale pour vivre la proximité… Quel enjeu ! J’aime cette parole de Bérulle, fondateur spirituel de l’Ecole française : « Dieu si grand, Jésus si proche».
Mes sœurs, vous le savez comme moi, comme nous tous : l’épreuve, lorsqu’elle est traversée, peut nous faire grandir. Pour ces épreuves là aussi, nous pouvons dire merci. Pas un merci léger et insouciant, mais un merci quand même. Merci pour tout, merci quand même…
Merci d’avance. …Ce Merci d’avance peut aussi ha- biter notre prière. Dire merci avant d’être exaucé, dire merci avant même de savoir comment Dieu nous exaucera, c’est dire notre foi en lui, c’est dire notre certitude d’être aimé. Dire merci d’avance, c’est s’en remettre totalement entre les mains du Seigneur.
Mes sœurs, que votre départ ne soit pas une fin, une simple fermeture et puis c’est tout… mais un appel… un appel pour vous, pour nous tous à plus de foi, d’espérance et de plus d’amour à la façon de Saint Joseph. Que l’école primaire et le lycée sous la tutelle de la congrégation puissent inventer de nouveaux chemins d’évangélisation. Le Père Jean de Dieu est aussi à votre service pour cela. Un animateur en pastoral scolaire pourrait aussi être recruté…
Et puis, il y a votre avenir mes sœurs. Ne nous oubliez pas ! Priez pour la paroisse St Frézal, pour les enfants et les jeunes, priez pour les familles et les plus pauvres en Lozère, priez pour l’évêque de Mende et pour les vocations.
Ce merci d’avance vaut pour Dieu, pour nos rencontres, mais aussi pour toutes activités. Tout ce que nous donnons n’est finalement qu’un échange de dons. Nous pouvons donner quelque chose parce que nous l’avons reçu. C’est toujours une grâce d’avoir quelque chose à donner. Il y a tant de jeunes qui crèvent de ne pas pouvoir donner et se donner. Je m’insurge contre les logiques d’assistanat. Soyons dans des logiques de projets. Alors nous pourrons dire au Seigneur : Merci d’avance…
Mes sœurs, à la manière de la Vierge Marie, écrivez avec vos mots, votre expérience, en lien aussi avec votre histoire personnelle votre Magnificat. Faites un travail de mémoire, de reconnaissance, d’action de grâce : Merci pour tout, merci quand même, mer- ci d’avance ! Pourquoi ? Parce que le meilleur est encore devant vous ! Amen
Le 20 avril 2020