Église catholique en Lozère
25 avril 2024 |

La vie d’une aumônerie en foyer d’accueil médicalisé

Pastorale des personnes handicapées :

Rencontre de l’équipe du FAM de Serverette

En ce mois de mai 2022, Nelly Blin, responsable diocésaine de la pastorale des personnes handicapées, m’a invitée au foyer d’accueil médicalisé (FAM) de Sainte-Angèle à Serverette.

J’arrive pour le déjeuner et je suis accueillie par Nelly et plusieurs habituées de son groupe d’aumônerie : Josette, Marie-Jo, Agnès et Paulette. Je participe à leur repas et m’installe à leur table. Je suis de suite adoptée et les échanges sont bienveillants, amicaux, non dénués d’humour et c’est un réel plaisir de partager le repas avec elles. Ces personnes pourtant éprouvées par la vie, sont joyeuses et n’ont aucun préjugé. Elles sont attentives les unes aux autres et même les voix qui parviennent des autres résidents installés dans des salles différentes retiennent leur attention. Elles les nomment chacun par leur prénom. Ici, l’humain est vraiment au centre, dans toutes ses dimensions.

Nous veillons les unes sur les autres : on propose de servir sa voisine, de couper sa viande si on décèle une quelconque difficulté, on ramasse sa serviette, on propose de la sauce pour faciliter le passage des aliments… Nelly, l’animatrice pastorale du groupe n’est pas en reste. Elle connaît les habitudes de chacune et se lève à plusieurs reprises pour aller chercher le plat suivant, mixer un morceau de viande, apporter le café, etc. Cette fraternité est douce à vivre.

Le personnel est également très présent, quel que soit son métier. Nous sommes comme en famille !

Après ce repas qui nous donne de faire connaissance et d’échanger sur les activités pratiquées au sein du foyer (elles sont nombreuses !!) nous nous installons dans le séjour où d’autres résidents se joignent à nous : Myriam, Véronique, Monique, Josie… et d’autres encore.

Là, nous échangeons sur ce qu’ils vivent à l’aumônerie :

Au début de chaque rencontre, ils commencent par se saluer et donner des nouvelles. L’entrée dans le temps spirituel est marquée par le signe de croix et le chant « La lumière ». Ensuite, c’est un temps d’échanges sur un thème liturgique ou autre.  Parfois, on pioche des questions/réponses dans un livre ; d’autres fois, on lit un conte de Jacques Salomé pour partager ensuite dessus. Ils comprennent très vite le sens « caché » des contes. De temps en temps également, on choisi des musiques sur ordinateur. Chaque fin de mois est réservé au visionnage d’un film (avec un rétro).

Lors des dernières rencontres, ils se sont penchés sur la personne de Marie (puisque nous sommes en mai) ; ils ont aussi parlé de la fête de l’Ascension et ils sont heureux de restituer ce qu’ils ont compris et retenu. Ils sont tous très motivés voire engagés. Ils ont à cœur de témoigner l’importance que revêt pour eux ce temps d’aumônerie. Ils me font part également de la venue du père Pierre-Yves venu les confesser à Noël, et venu également au retour de Lourdes.

La séance d’aumônerie donne lieu à un temps de prière où ils confient leur famille, les pays en guerre. Ils prient pour le monde, les malades, ceux qui sont morts, et « pour tous ceux qui sont dans leur cœur », me précisent-ils.

Ils sont lucides quant à la mort et en parlent avec simplicité et espérance. Ils sont habités par la certitude que ceux qui partent vont au ciel, « dans la maison de Jésus ». Lorsque quelqu’un du foyer s’en va auprès du Père, même s’ils peuvent pleurer, ils ont à cœur de participer activement à la messe pour accompagner le défunt : suivant ce qu’ils sont en mesure de faire, certains lisent la prière universelle, d’autres apportent un lumignon, une fleur, un dessin… Quelques-uns accompagnent aussi le corps.

Quand je leur demande pourquoi ils participent aux rencontres de l’aumônerie et si c’est vraiment un choix personnel, ils répondent à l’unisson qu’ils y viennent car ils aiment bien Nelly et qu’ils apprennent plein de choses. Ils ajoutent à la suite « et on prie pour les malades et pour la paix ».

Leurs paroles sont habitées et malgré les différents handicaps des uns et des autres, on comprend que ces temps spirituels sont importants pour eux, qu’ils les attendent et qu’ils les investissent vraiment. D’ailleurs, si quelqu’un ne veut pas venir une fois ou l’autre, il ne se gène pas et n’y va tout simplement pas. On les sent très libres et le personnel, comme Nelly, sont très respectueux de leurs choix, de leurs envies.

Les temps prières s’achèvent en général par l’Ave Maria de Lourdes qu’ils affectionnent particulièrement.

Ceux d’entre eux qui le souhaitent peuvent parfois participer à la messe quand elle a lieu dans l’église qui jouxte le foyer et qui bénéficie d’une accessibilité aisée pour les fauteuils roulants. A Noël, ils font la crèche et le 15 août, fêtent Marie en célébrant la messe « au Rocher », sur les hauteurs du village (ce qui nécessite une bonne organisation : sièges, parasols, chapeaux…). Ils sont très enthousiastes en l’évoquant.

Ils célèbrent également, bien sûr, la Solennité de Sainte Angèle à laquelle ils participent activement aussi.

Je quitte ce petit monde, très heureuse de ces partages authentiques et vraiment sympathiques. J’ai été admirative du soin témoigné à ces résidents par Nelly et l’ensemble du personnel. Ils ont l’air heureux et c’est communicatif.

Nolwenn Bottou