Avec le mois de juillet, le temps de l’été et celui des vacances sont enfin arrivés. Tous, nous venons de traverser une année éprouvante. La crise sanitaire qui semble reculer a chamboulé notre quotidien et laisse des traces profondes dans nos psychologies et nos familles, dans nos histoires personnelles et collectives. Stress, difficultés financières, habitudes perturbées, dépressions… On nous précise même que la santé mentale des enfants s’est, durant ces mois, sérieusement dégradée. Du point de vue pastoral, nous avons vécu du « stop-and-go » et finalement, malgré l’engagement de beaucoup, une année décousue à plus d’un titre. Comment dans ce contexte envisager la relecture spirituelle de cette année ? J’en souligne les fondamentaux pour qu’elle soit chrétienne !
Tout d’abord, la relecture spirituelle permet de sortir d’impressions qu’on laisse tourner en boucle dans sa tête. La relecture est une parole que l’on adresse à quelqu’un d’autre : « Je te raconte ce qui s’est passé ». La relecture est une parole véritablement adressée, dans laquelle on s’engage avec les autres…
Dans cette relecture, on prend soin de rapporter aussi ce qui a pris du relief, de l’importance, de la densité et ceci à la lumière de l’espérance de la foi… Il s’agit aussi d’une relecture pour Dieu, un acte d’oblation, d’offrande. C’est un acte de foi ! Sans omettre le difficile et le laborieux, nous voulons aussi retenir ce qui fut bon… Dieu est là présent. Il accueille et transforme… Nous pouvons alors présenter cela dans l’Eucharistie dominicale.
Il est important enfin de rechercher ce qui est de l’ordre de la joie qui nous a été donnée de vivre dans ce qu’on a fait. Avec la joie, nous sommes à côté du « cœur tout brûlant ». Cette joie est le meilleur marqueur du don de Dieu. Il ne s’agit pas de n’importe quelle joie mais une joie humble et paisible…
Ce n’est pas une joie d’excitation qui nous met au-dessus des autres mais une joie qui nous ouvre et nous conduit au large sur un chemin à la fois de simplification et de dépouillement.
L’enjeu majeur d’une relecture spirituelle n’est pas simplement de mettre des mots sur ce qui est vécu mais permettre de reconnaître le don de Dieu et, ce faisant, de reconnaître les expériences d’engagement comme lieux nourrissants pour la foi. Durant cette année : quelles joies vécues ? Quelles épreuves partagées ? Quels chemins n’ai-je pas osé emprunter ? Quelles rencontres décisives ? Quelles sources de liberté et de foi ? A tous et chacun, avec la grâce de Dieu et la joie des rencontres, beau mois de juillet.
+ Benoît BERTRAND
Évêque de Mende