Un synode est une célébration liturgique. Cela nous a été rappelé à diverses occasions. La magnifique veillée de prière œcuménique Together animée par la communauté de Taizé en présence de 4000 jeunes place St Pierre a donné le ton. Le pape était entouré des principaux responsables des diverses confessions chrétiennes dans le monde. Son intervention sur la dimension du silence dans nos vies humaines, dans la vie de l’Église et dans nos vies chrétiennes fut largement saluée. Elle nous inventait à refuser les « commérages » pour nous mettre vraiment à l’écoute du Seigneur en sa Parole et à l’écoute des uns et des autres. Depuis la célébration d’entrée en synode avec la procession impressionnante me rappelant les images du concile Vatican Il, très régulièrement nous sommes conviés à prier : messe à St Pierre en rite latin ou byzantin, méditation des Ecritures, pèlerinage aux catacombes de St Sébastien, récitation de l’Office ou du chapelet, temps d’adoration, moment de silence et d’intériorisation pour nous permettre de nous mettre, ensemble, à l’écoute du Saint-Esprit. Mais ce qui fut, de mon point de vue, déterminant pour favoriser ce climat spirituel ce sont les trois jours de récollection à la Fratema Domus. Ils nous ont permis de nous « assouplir » intérieurement, de nous rendre disponibles et ouverts. Les méditations du Frère Timothy Radcliffe et les partages spirituels en petits groupes ont facilité bien des choses pour nous libérer de la peur. Nous avons besoin d’une maison, mais Jésus nous envoie dehors, en mission : annoncer l’Evangile est un geste d’amitié !
La conversation dans l’Esprit Saint a été la méthode utilisée pour nos travaux. Elle a fait ses preuves, même s’il faut aussi être attentifs à ne pas sacraliser « la » méthode. Les groupes de travail ou Circuli minori, composés chacun de 10 à 12 personnes, étaient constitués à partir des thèmes choisis et des langues. Chaque groupe a travaillé à partir d’une fiche correspondant aux divers modules de l’lnstrumentum laboris. Nous alternions les sessions en Circuli minori et les Congrégations générales en présence du pape. Des propositions de prises de parole libres, de 3 minutes, par les membres du synode (290 évêques et 70 prêtres, diacres, religieux, laïcs) sont alors possibles. Le tour du monde de la catholicité et de l’universalité de l’Église a été d’une richesse saisissante. La demande du Saint-Père d’être vigilants au sujet de la discrétion médiatique sur le contenu des prises de parole a rendu nos interventions à la fois plus libres et confiantes. Un règlement dûment approuvé par le pape donnait un cadre assez précis sur la manière dont notre Assemblée devait se dérouler.
Durant ce synode, j’ai été marqué par la place heureuse que prend la centralité du Christ. C’est Lui qui est le chemin, la vérité et la vie. C’est Lui le chemin qui conduit nos vies à la vérité tout entière. Mais il y a aussi la part d’inconnu dans cette marche missionnaire, jusqu’à l’horizon eschatologique. D’autant plus que tout le cosmos est appelé à être « récapitulé dans le Christ ». L’Esprit est comme « l’Inconnu au-delà du Verbe ». Il nous faut accepter que l’Inconnu fasse peur, mais aussi nous souvenir qu’il est toujours lié au Verbe, au Christ, et qu’il nous aide à nous « ressouvenir » de tout ce que le Christ a dit ! Et cela nous pousse à recueillir la parole de tous, surtout de ceux vers qui le Christ s’est tourné en priorité : les pauvres, les petits, les souffrants, les marginalisés, auxquels le Père a révélé les mystères du Royaume, plus sûrement qu’aux savants ! Le témoignage des martyrs est une lumière pour l’Église en synode. Mais il faut du courage et de l’humilité pour faire bouger certaines habitudes bien ancrées, notamment dans le rapport au pouvoir, chez des clercs comme chez des laïcs, sans pour autant briser la communion !
Mgr Benoit BERTRAND
Évêque de Mende