Église catholique en Lozère
17 avril 2024 |

Bioéthique : les évêques invitent à quatre vendredis de jeûne et de prière

« Que nos yeux s’ouvrent! »

Jeûnons et prions pour sortir d’une bioéthique aveuglée

LES ÉVÊQUES DE FRANCE INVITENT À QUATRE VENDREDIS DE JEÛNE ET DE PRIÈRE

Le projet de loi révisant la loi de bioéthique revient bientôt devant le Sénat, en deuxième lecture. Le Gouvernement voudrait le faire aboutir sans retard. Ce projet de loi entraîne des risques graves pour notre société en bouleversant l’ordre de la filiation humaine, en ouvrant de fait un droit à l’enfant au lieu de défendre les droits de l’enfant, et en organisant sur les embryons humains des recherches qui ne respectent pas leur intégrité et qui n’ont pas pour première visée leur santé, mais plutôt une amélioration des succès de la technique de procréation médicalement assistée.

N’assistons-nous pas à un aveuglement diffus sur la dignité de tout être humain qui vient gratuitement à l’existence et qui doit être accueilli fraternellement ?

Les évêques de France, réunis en assemblée plénière, ont souhaité appeler tous les catholiques ainsi que les hommes et femmes de bonne volonté à se tourner vers Dieu en priant et en jeûnant pour Lui demander la grâce de nous ouvrir les yeux à tous et d’être ensemble des artisans du respect de tous les êtres humains dès leur conception.

La Conférence des évêques de France (CEF) publie ce document préparé par son Groupe bioéthique afin d’aider chacun à vivre entre janvier et début février quatre vendredis (15, 22, 29 janvier et 5 février) de jeûne et de prière.

Cette démarche spirituelle pourra se vivre chacun chez soi, seul ou en famille, ou, si les normes sanitaires le permettent, en communauté.

Avec un cœur paisible mais sans relâche, les catholiques souhaitent aider notre société française à être une société de l’amour et de l’espérance dans la vérité et le respect de la dignité humaine, sans quoi la fraternité prônée dans notre devise républicaine ne serait qu’illusion.

Paris, le 13 janvier 2021

« Amen, amen, je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez, et vous recevrez: ainsi votre joie sera parfaite.
»
 

(Jean 16, 23-24)

Le projet de loi relatif à la bioéthique sera débattu en seconde lecture au Sénat au début de l’année 2021.

En l’examinant de près, on s’aperçoit qu’il reflète un « affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité morale de l’homme.[…] Il s’agit d’un domaine particulièrement délicat et décisif, où émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu ¹ ».

Il est vrai que les techniques biomédicales s’immiscent là où s’origine la vie humaine dès l’émergence de la toute première cellule après la fécondation. « Cependant, tous les croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, ont toujours entendu la voix et la manifestation de Dieu dans le langage des créatures. Au contraire, l’oubli de Dieu rend opaque la créature elle- même ² . » L’oubli de la transcendance en chaque être humain rend périlleuse la bioéthique.

C’est pourquoi, encouragés par les évêques de France, les membres du Groupe bioéthique de la Conférence des Évêques de France proposent quatre journées de prière et de jeûne en janvier – février 2021, afin que les yeux de tous – les nôtres et ceux d’autrui – s’ouvrent et sachent discerner la dignité inouïe de toute créature hum aine .
Entre fraternité et individualisme

En effet, plus qu’en d’autres dom aines, la bioéthique exige un regard sur l’être humain et sur sa vocation à la fraternité. Le pape François nous interpelle :
« Lorsque tu arrives au stade où tu peux regarder le visage de chaque homme et y voir ce que la religion appelle « l’image de Dieu », tu commences à l’aimer en dépit de [tout]³. » Cela engage « notre façon d’être en relation avec les autres » : elle « est une fraternité mystique, contemplative, qui sait regarder la grandeur sacrée du prochain4. »

 

Ce regard est comme obstrué par l’individualisme qui imprègne nos mentalités et qui nous rend myopes sur la grande beauté de l’être humain. Cet individualisme suscite des comportements contraires à la fraternité à laquelle nous aspirons : agir tous ensemble en respectant l’égale dignité de chacun , du plus petit au plus grand. Il conduit au repli sur soi qui blesse notre engagement pour la solidarité ; nous savons pourtant qu’elle est indispensable afin que les plus fragilisés aient toute leur place parmi nous. La solidarité découle de notre capacité à regarder le plus fragile comme un frère, comme une sœur.

Cet individualisme se manifeste à chaque fois que les désirs individuels se transforment en droits revendiqués . Nous avons alors du mal à voir le bien commun qui est pourtant la condition indispensable pour que chaque personne s’épanouisse selon l’ample vérité de son être, sans que ce soit au détriment des autres.
La science suscite des techniques qui nous rendent de précieux services. Mais nous sommes tentés par leur prodigieux pouvoir qui fascine. Cette fascination nous aveugle sur la responsabilité morale qui, à l’heure de l’écologie , nous oblige à mettre en œuvre une« écologie humaine».

L’individualisme, nous dit le pape François, engendre « une vie fermée à toute transcendance et emmurée dans les intérêts individuels5 ». Il « est le virus le plus difficile à vaincre6 » .

Benoît XVI, encyclique Caritas in veritate sur le développement humain intégral , 29 juin 2009, n. 74.
2  Concile Vatican Il, constitution sur l’Église dans le monde d’aujourd’hui , 7 décembre 1965 , n. 36, §3.

3  Exhortation Amoris laet itia sur l’amour dans la famille , 19 mars 2016, n 118.

4  Exhortation Evangel ii gau d ium sur l’annonce de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui , 24 novembre 2013, n. 92

5  Encyclique Fratelli tutt i, 3 octobre 2020, n. 113.

Ibid., n. 105.