Église catholique en Lozère
25 avril 2024 |

A Dieu, père Joseph Hermet

Le père Joseph Hermet s’en est retourné vers le Père le mardi 24 novembre 2020 à l’âge de 96 ans.

Ses obsèques ont été célébrées le vendredi 27 novembre 2020 en l’église de Prinsuéjols.

Depuis avril dernier, il y avait 96 ans que Joseph Hermet est venu au monde, à Prinsuéjols. Et depuis le mois de mai, il y avait 73 ans qu’il était prêtre. Afin qu’il revive un peu, ici et maintenant,  dans notre mémoire, redisons-nous ce qui sa longue vie de prêtre a été. Elle se présente à nous en cinq étapes,  riches, toutes, d’humanité et d’Évangile. Traversons-les en grandes enjambées.

Il commença par être professeur. A Marvejols d’abord, au Petit Séminaire ; à Mende ensuite, au lycée Notre-Dame. Là plus particulièrement, au long de huit années, il fit un beau travail de professeur de philosophie, doublant son enseignement d’un bon compagnonnage avec ses élèves, puisqu’ il prenait les repas avec ces garçons qui avaient 17 ou 18 ans. Eux et lui à la même table. Ce partage de vie et de rire, au réfectoire, complétait sans doute avec bonheur l’enseignement qu’en salle de cours, il leur dispensait  vigoureusement. Un bon maître, Joseph Hermet,  qui  a marqué ses élèves au fil des jours. Ce fut son premier ministère.

Le deuxième fut d’une autre nature. Il devint, en 1962, Directeur Diocésain de l’Enseignement Catholique. En ces années 60 en effet, il fallait que l’E.C. s’adapte aux nouvelles règles que l’Education Nationale lui faisait pour qu’il soit, pour elle, un partenaire reconnu. Il fut donc demandé au P. Hermet de promouvoir et d’accompagner cette évolution indispensable. Il le fit pendant sept ans. Il le fit, à son habitude, c’est à dire avec sagesse et méthode, sans que le respect des personnes soit oublié.

La quatrième étape l’a fait venir au service des Prêtres. Car en 1974, il reçut la tâche de mettre sur pieds, et d’accompagner leur Formation Permanente ; disons leur recyclage, dans ces années qui faisaient bouger beaucoup de chose. Joseph Hermet était suffisamment savant, suffisamment proche d’eux, suffisamment humble aussi, pour œuvrer sur ce chantier-là. Pendant huit ans, il s’y tint, s’appliquant à proposer, à inciter, à patienter aussi. Dans le même temps, il mettait en train, et faisait marcher un service de Catéchèse pour adultes, décentralisée au maximum, qu’il nomma, trouvant ce  nom  évocateur, Adultes en recherche .Il était convaincu en effet qu’en ces temps où bien des choses sont mises en question, il est souhaitable que les Chrétiens réapprennent l’essentiel de leur Foi.

La cinquième étape de son parcours l’a conduit auprès des religieuses du diocèse. C’était en 1985. Elles étaient alors quelques 350. Il eut à marcher avec elles, au nom de l’Evêque, sur les chemins que le Concile avait balisé : cela comporta pour lui de les connaître, les écouter, les faire se rencontrer, réfléchir avec elles, les aider à tenir leur place dans l’Eglise de Lozère. De nouveau là, neuf années de travail discret, efficace, réaliste, et, malgré l’air du temps, optimiste.

J’ai sauté la troisième étape de son parcours : sa période médiane ; un long moment de ressourcement ; cinq années à Paris, à partir de 1969. Pour quoi faire ? Des études variées, tout en participant aux activités d’une paroisse parisienne. Il en revint Docteur es Lettres, ayant obtenu ce titre en présentant aux maîtres de la Sorbonne la belle étude qu’il avait menée sur Albert Camus, un penseur estimé de notre XXième siècle, décédé sur la route quelques dix années auparavant ; un penseur du dehors, notons-le ; je veux dire par là qu’Albert Camus est resté à l’extérieur de la foi chrétienne. Mais dites, n’est-il pas révélateur  que Joseph ait voulu dialoguer longuement avec les écrits de cet homme, comme s’il voulait trouver, chez quelqu’un du dehors aussi, de quoi éclairer son chemin de prêtre.

Cette pensée me fait  conclure en  tournant mon attention, et la vôtre, vers ces deux traits, qui se dégagent, je crois, de ce qui a été dit : Joseph Hermet a été un veilleur et un guide.

Je dis veilleur, parce qu’il a veillé. Il est resté à l’écoute des hommes de ce temps ; et il a souhaité intensément que l’Eglise se tienne en dialogue avec le monde d’aujourd’hui. Pour illustrer ce trait, rappelons-nous ce fait : il avait mis sur pieds, à Mende, un groupe Incroyance et Foi ; c’est-à-dire un lieu où des chrétiens et des non-chrétiens pouvaient partager leurs questions, leurs espoirs, et leur action aussi.

Un Veilleur, Joseph,  toujours attentif aux autres,  et de ce fait un guide, discret, fraternel, judicieux. Que de fois, les responsables de ceci ou de cela, dans le diocèse, ont reçu de lui cette interpellation, toujours respectueuse : ‘Est-ce que tu t’es posé cette question ?’ ‘As-tu pensé à cette proposition ?’Que dirais-tu de cette tentative ?’

 

Père Hermet, il fallait vous faire  revivre, au moins un peu,  dans notre mémoire. Nous avons maintenant à confier votre personne  à la Mémoire du Seigneur dont vous pensiez qu’elle est meilleure que la nôtre, en fidélité, et en bonté ;  comme vous, nous croyons que pour le Seigneur, se souvenir, c’est faire revivre tout à fait et pour toujours. Il l’a fait mercredi. Je le crois. Nous lui en rendons grâce.

P. Louis Barlet