Après un an de vacance du siège épiscopal, un nouvel évêque vient d’être donné au Diocèse, Jean Pelletier. Sa personnalité et son charisme ont fait de l’ordination un moment d’unité et de joie.
Une ordination est un rendez-vous de la joie là où l’esprit d’unité et les accents de toute humanité se manifestent dans une belle communion. Il y a là une beauté, une simplicité qui rencontre la grâce du Créateur et l’humilité du prêtre appelé à cette charge d’évêque. La cérémonie est un condensé de la vie ; celle de la personne ordonnée mais aussi celle de tous les fidèles.
Dans la cathédrale bondée, combien de trajectoires singulières, de rapports à Dieu et à son enseignement ? Mais au-delà de tout cela le sentiment d’appartenir à une même réalité d’amour, à une fraternité dont l’actualité nous apprend et la fragilité et la nécessité. Oui, une ordination d’évêque est ce moment hors du temps où la part de grâce et le rapport à la source s’imposent avec une félicité rafraîchissante. À écouter les chants des chorales et l’assemblée priante, l’assemblée ne faisait qu’une. Il suffit de regarder les regards, d’entendre les applaudissements chaleureux dans la cathédrale lors du passage de Mgr Pelletier pour saisir l’osmose d’un peuple qui ne fait qu’un.
La famille de Jean Pelletier est là : sa maman, sa tante, ses frères et sa soeur et tous ceux qui l’ont croisé un jour dans la vie d’homme ou de prêtre. La félicité des paroissiens de Segré, dans sa terre d’Anjou, se manifeste pour le port d’un joli foulard jaune. Lucie, une jeune femme, prend une photo, devant la cathédrale, avec le Père Jean devenu Mgr Pelletier. Dans la petite église de son village angevin, il l’a baptisée après avoir marié ses parents. « Vous êtes mes amis », c’est la devise de Mgr Noblot venu en voisin depuis Saint-Flour mais c’est aussi et surtout la réalité de la mission. Surtout dans nos terres rurales.
Être ami, être proche… Mgr Turini, l’archevêque de Montpellier qui en tant que métropolitain présidait pour la première fois une ordination épiscopale, a rappelé l’importance d’être le serviteur de tous. « L’Église t’appelle à devenir évêque, pas en maître mais en serviteur, pas en technicien du religieux mais en Frère de tous. Souviens-toi, Jean, que la fraternité se vit dans un coeur qui aime sans condition et dans une vie qui se donne jusqu’au bout. Il te faudra aimer les chemins de traverse, découvrir les familles paroissiales qui forment le Diocèse, les clochers qui résonnent d’une présence fragile mais tenace. Tu seras un évêque rural ce qui ne veut pas dire un évêque replié mais plutôt un évêque enraciné que l’avenir passe par la fidélité au réel et le réel c’est ce peuple tel qu’il est et non pas comme on le rêve ».
Frère des Hommes
Oui, « sentir l’odeur du troupeau », comme aimait à le dire le Pape François, voilà le viatique de tout pasteur car « aider le monde à respirer, c’est donner l’Évangile », rappelle Mgr Turini. L’humilité est une vertu, une nécessité pour accueillir chacun et chacune dans sa condition d’humanité. D’ailleurs, le rite d’ordination ne cesse de souligner à l’impétrant le caractère indépassable de cette manière d’être au monde et dans le monde. La litanie des Saints est cet instant où le futur évêque, allongé devant l’autel, marque sa disposition totale à être serviteur, sans ostentation ni excès de zèle en ayant comme gouvernance l’Évangile (le futur évêque est agenouillé avec au-dessus de lui le Livre ouvert).
Tout au long de son existence, Jean Pelletier a traduit cette humilité en actes. Devenu prêtre après avoir travaillé comme conseiller financier agricole en Mayenne, il a fait de la joie de l’Évangile ce motif d’espérance et de rencontre.
Comme le dit non sans un humour bienveillant une ancienne paroissienne : « Jean, nous avons remarqué que tu es bon vivant, joyeux et gourmet ne refusant jamais une part de gâteau. Tu as fait beaucoup confiance aux laïcs ».
Confiance, voici un joli mot dont la racine latine renvoie à l’idée de foi. La confiance est cousine de l’espérance, celle-là même qui met en chemin. D’ailleurs, les premiers mots de Mgr Jean Pelletier résonnent avec cette âme. « Un évêque n’est pas seul, il n’est pas dans sa tour d’ivoire mais à la suite du Christ qui est venu pour servir et non se servir. Nous portons un trésor dans nos vases fragiles et ensemble témoignons de l’Espérance qui est en nous avec douceur et respect. Ensemble participons à la protection de notre maison commune » décrit le nouvel évêque de Mende.
Sur le visage de Jean Pelletier, son sourire bienveillant et communicatif ravit l’assemblée. Et ses remerciements à chacun et chacune à la sortie de la messe d’ordination disent déjà que l’Église qui est en Lozère continuera à cheminer ensemble. Mgr Turini ne s’est pas trompé : cet évêque Mgr Pelletier prendra bien les chemins de traverse où des hommes et des femmes qui attendent ou qui crient attendent l’Évangile. Pour que la joie demeure dans le coeur de tous !
– Extrait de la Lozère Nouvelle parue le 11 septembre 2025
