Aux origines du pouvoir temporel des évêques

Le pouvoir mérovingien s’appuie sur l’Église

Dans les années 406-409, une nouvelle vague d’envahisseurs ravagent la Gaule et provoquent l’effondrement de l’empire romain d’occident. Parmi eux, les Wisigoths étendent leur domination de l’Auvergne au nord de l’Espagne. Les Burgondes occupent ce qui sera plus tard la Bourgogne. Les Francs atteignent la Somme. Notre diocèse, passe de la domination des Wisigoths à celle des Francs qui bénéficient, après le baptême de Clovis (508), du soutien de l’Église. En devenant chrétien, Clovis et ses successeurs s’assurent la gestion politique d’un territoire déjà organisé sur le plan religieux. À Banassac, les Francs implantent un atelier monétaire royal (VIe-VIIe siècles).

Grégoire de Tours dont nous avons précédemment évoqué les écrits mentionne la vie de saint Louvent, né à Javols vers 540. Après son ordination, il est nommé abbé du monastère de saint Privat situé à Mende près du tombeau du martyr. Au cours de cette période mérovingienne, deux monastères voient le jour : Saint-Martin de La Canourgue et Sainte Énimie dans les gorges du Tarn. Nous aurons l’occasion de les évoquer plus longuement.

L’éloignement des comtes profite à l’évêque

Dès l’an 800, Charlemagne exerce localement son autorité par l’intermédiaire des comtes. Mais ses successeurs ne parviennent pas à maintenir l’unité de l’empire. Les comtes usurpent la souveraineté et deviennent indépendants du pouvoir central. Le Gévaudan, le pagus gabalitanus (forme latine de Gévaudan) isolé, est rattaché à des comtés plus importants. Il relève de l’Auvergne puis du comté de Toulouse. Un vicomte représente localement le comte. La vicomté de Millau Gévaudan agrandie par mariage du comté de Provence est rattachée à nouveau par mariage au comté de Barcelone (1112). Ces biens échoient par héritage à la couronne d’Aragon en 1166. Son domaine direct ou propre est la région de Grèzes (vicomté de Grèzes).

À cette époque, l’évêque de Mende, Aldebert III du Tournel, cherche à profiter de ces bouleversements pour affirmer son autorité temporelle face aux petits seigneurs. Chargé de veiller à l’application de la paix de Dieu, qui a pour but de limiter la violence, Aldebert intervient dans tous les conflits locaux. En 1161, il se rend à Paris et rend hommage au roi Louis VII qui lui octroie la « bulle d’or ». Ce document lui accorde le pouvoir temporel sur le Gévaudan. En 1307, l’évêque Guillaume VI Durand obtient du roi Philippe IV le Bel le titre de comte que ses successeurs vont conserver jusqu’en 1789. Le Gévaudan est divisé en trois : la terre du roi, celle de l’évêque et la terre commune administrée conjointement.